ECOUTEZ RADIO DISCO

Gloria Gaynor

Il y a quelque chose de fascinant à rencontrer quelqu’un comme Gloria Gaynor. A travers elle, ce sont toutes les autres sommités disco qu’on a l’impression de voir, les Linda Clifford, les Melba Moore, les Demece Williams. Oh, bien sûr, elles n’avaient pas le parfum mythique de Donna Summer et de Diana Ross. Mais souvent, leur profil plus abordable les rendait plus aimées du public. En 75, au moment de la sortie de “Never Can Say Goodbye”, la disco n’avait pas encore atteint l’apogée de 77 avec “Saturday Night Fever”. Pourtant, “Never Can Say Goodbye” possédait déjà tous les ingrédients de la disco le beat charleston, les vrilles de violons et surtout cette énorme sensation d’abandon et de joie qui obligeait littéralement les foules à jeter les bras en l’air comme si elles étaient en proie à quelque combustion spontanée. “Never Can Say Goodbye” était fantastique. On n’avait jamais entendu un truc pareil. C’était un symbole de la musique noire joyeuse, qui permettait à tous d’ima­giner l’Amérique, Harlem et la soul-food. Qu’importe si aujourd’hui Gloria Gaynor est une Newborn Christian, elle n’a pas démenti sa carrière. Et elle est toujours géniale.

Quinze ans après sa sortie initiale, Carrère ressort “I Will Survive”. Quel effet cela vous fait-i l?

Franchement, je me suis demandée au début pourquoi on ne sortait pas tout simplement l’original, parce que les arrangements et les paroles sont pour moi indémodables. Et puis, j' ai fi ni par comprendre que les nouvelles versions pouvaient attirer une nouvelle génération. Que pensez-vous de cette fascination très récente du public pour les divas disco des années soixante-dix, comme Loleatta Holloway, Candi Staton, etc? Je crois que cela dépend beaucoup du climat social actuel. La musique est toujours façonnée par les conditions sociales et les gens aujourd’hui ont peur de l’avenir. C’est pourquoi ils sont si attirés par le passé. La disco a eu beaucoup de succès, parce que ce n’était pas une époque facile non plus et.les gens avaient besoin de s’amuser. Quand une crise survient les genssemblent plus concernés par les problèmes des autres et la disco a été populaire parce que tout le monde dansait ensemble, il y avait une réelle communion dans la danse. Avec les années quatre-vingts, cette communauté a éclaté, la Me Generation est arrivée et je crois que nous nous trouvons aujourd’hui à la fin de cette époque.

Comment avez-vous vécu la période post-disco?

La déception de la disco n’avait absolument rien à voir avec la musique par elle-même. A un moment précis, la machine commerciale est devenue incontrôlable et le medium disco est apparu plus important que la musique elle-même. Il ne faut pas non plus oublier que ce n’est pas toujours New York et Los Angeles qui dictent la loi aux USA. L’Amérique moyenne est très traditionnelle, très sensible aux valeurs de la famille et quand la disco est devenue associée aux mini-jupes, aux hot-pants, aux drogues, au sexe ça a été le début du retour de bâton. Je me rappelle avoir été très déçue par ce qui arrivait. J’ai compris ce qui s’était passé, mais c’était pour moi une grande perte, pour les autres artistes et pour le monde entier. La seule chose que j’ai essayée de faire était de garder ma crédibilité et, même si je n’ai pas eu hit après hit, je suis toujours là pour montrer que j’existe encore. Vous ne croyez pas que ce back-lash est arrivé parce que la disco avait encouragé la visibilité des minorités ? A l’époque, la majorité des leaders de labels de disco étaient soit noirs soit gays et ils avaient beaucoup de pouvoir. Je crois qu’il y a toujours une crainte de voir les noirs et les gays accéder à des places trop importantes dans la hiérarchie sociale. Surtout à l’époque, il y avait cette idée un peu idiote que les noirs et les gays avaient beaucoup de talent, comme si c’était inné, et qu’il fallait les empêcher d’en faire trop. Ce que j’adore dans les années disco, c’est quand on voit une vieille vidéo de “Don’t Leave Me This Way” de Thelma Houston, c'est cette énergie, cette joie. On voit que les gens sortaient et dansaient pour la première fois, c’était spécial. Vous avez raison, c’était un climat merveilleux. Les gens avaient enfin une chance de s’ exprimer, de se laisser aller et, pour un artiste, la disco offrait une liberté d’expression unique.

De toutes les divas disco dont je parlais plus haut, lesquelles connaissiez-vous?

Je connaissais Loleatta Holloway, Donna Summer, Diana Ross, mais nous n’avions pas tant de contacts. A l’époque, tout le monde travaillait tellement qu’il était impossible de développer des relations. Vous avez eu beaucoup de succès. Avez-vous eu des problèmes en ce qui concerne vos royalties, ou autres? Au tout début, à l’époque de “Never Can Say Goodbye”, j’étais comme la majorité des chanteuses, c’est-à-dire complètement naïve. J’avais un manager en qui j’avais confiance et il en a largement abusé. Je suppose qu’il y a beaucoup de choses qu’on m’a cachées. Dans un sens j’ai eu de la chance parce que d’autres artistes ont beaucoup plus souffert que moi. Certaines chanteuses disco n’ont rien gagné du tout, c’était très dur. Quand vous êtes jeune, vous ne pensez qu’au jour où vous serez une star, vous êtes obsédée par le glamour et les managers le savent. Ils en tirent un avantage.

Quel est votre meilleur souvenir de cette époque?

Je crois que cela doit dater du tout début, en Italie. C’était un show àcôté de Vérone, et il y avait beaucoup d’artistes à l’affiche. Et quand je suis arrivée, j’ai entendu cette sorte de rumeur “C’est Gloria Gaynor, c’est Gloria Gaynor!” (rires) à travers le public. Quand je suis arrivée à ma loge, on pouvait les entendre crier “GIoria! Gloria!”. Je devais avoir vingt-deux ans. On est venu me chercher en me disant qu’il fallait il aller tout de suite et je me suis trouvée sur scène, devant trente-deux mille personnes complètement déchaînées. Et lorsque je me suis mise à chanter “Never Can Say Goodbye” le public s’est levé mais personne ne faisait de bruit. Ce show a dû être le plus étrange de ma carrière.

Comment avez-vous réagi quand les Communards ont repris cette chanson?

Cela m’a fait énormément plaisir J’étais très flattée. D’abord, leur version est très bonne et ensuite, leur adaptation est très proche de l’original. Je crois que c’était un vrai hommage, pas quelque chose qu’ils avaient fait pour faire un hit. C’est une reprise authentique. Il paraît que vous préparez un album de gospel. C’est quelque chose que, vous vouliez faire depuis longtemps? Non, c’est au contraire très récent, depuis ma conversion au christianisme. Et je commence à comprendre que c’est ce que Dieu veut que je fasse. Je n’ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie et les huit dernières années ont été merveilleuses. Ma conversion a totalement changé ma vie.

Didier Lestrade.RockandFolk.Planete Dance 1991

.::SYLVESTER::.

.::BONEY M::.
.::CERRONE::.
.::STUDIO 54::.

HOME